Un poignant roman historique salué par Umberto Eco.
par Marin Mincu
L’exloit de ce roman est de démolir le cliché du “vampire” auquel Bram Stoker et ses épigones réduisirent le bien réel Vlad III, dit l’Empaleur, prince de Valachie, tout en bâtissant un nouveau “mythe”. Il s’agit de rétablir un portrait du voïvode – tel qu’il fut, et tel qu’il eût pu se vouloir: guerrier hors pair, l’unique némésis de Mehmed II le Conquérant, érudit, l’ami et l’égal de l’élite néoplatonicienne, espèce de surhomme à l’ego démesuré, victime et bourreau, forgeant sa propre légende du fond de la geôle de Visegrád où il croupit par la traîtrise de ses royaux “amis”. À une époque où la cruauté était la règle, la orchestrée contre lui est un comble de l’hypocrisie. Sa réaction sera de combattre le feu par le feu: “Je vais tous les aider dans cette campagne orchestrée contre moi. J’inventerai des histoires truffées d’exactions abominables et j’alimenterai copieusement le fardeau de mensonges dont on m’accable. Je serai moi-même l’inventeur des faits les plus monstrueux que la rumeur m’attribuera.” Encerclé par des centaines de rats, plongé dans une perpétuelle obscurité, Vlad peu à peu perd la notion du temps et jusqu’à la conscience précise de sons propre corps. À travers Vlad III on fait donc, du moins dans la fiction de Mincu, l’éloge du poignant entrelacement de l’écriture et de la réalité, où l’écriture finit par s’imposer comme plus énergique et plus “vraie” que la réalité même. Trouvaille originale, Mincu nous dépeint un Dracula déjà conscient de sa propre noire légende. L’histoire de l’Empaleur est décrite à travers les yeux de Dracula lui-même, et tient le lecteur en haleine d’un bout à l’autre du roman.
- Traduction du roumain, avant-propos et notes de Dominique Ilea.
Excusez-moi, juste pour vous signaler trois coquilles :
Ligne 1 : L’exloit (exploit) de ce roman…
Ligne 7 : À une époque où la cruauté était la règle, la (campagne ?) orchestrée contre lui…
Ligne 13 : (…) et jusqu’à la conscience précise de sons (son) propre corps.
Cordialement,
Frédéric
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